mardi 3 septembre 2013

Creepy. Crazy. Delhi.

Nous sommes mardi matin, je suis à la rue sans appartement... Oui, j'aime dramatisr mais c'est pour le show! Retour sur ces derniers jours.

Mon quotidien semblait s'installer confortablement me construisant ici une vie bien plus agréable que ce que j'aurai pu imaginer. Vendredi soir, Vishal m'emmène faire la fête pour changer sur le toit de Mukesh. Le ChessMaster - car je ne connais pas son nom - m'initie à cette tradition indienne, je n'ai pas joué depuis plusieurs années mais je ne m'en tire pas trop mal. Je passe une bonne soirée, c'est gens sont agréables et faciles. Je me sens bien. Il est 22h, Vishal, grognon, veut rentrer, je suis docile et de toute façon je n'ai pas envie de rentrer seule. Sur le chemin, il ne me dit rien, parle en hindi avec le conducteur du rikshaw. Nous sommes samedi matin, je pars travailler, il m'accompagne... encore... Je suis la première au studio, il ne me croit pas, pense que je n'ai pas à travailler aujourd'hui, je perds patience et le mets dehors. La journée se finit tôt, de retour vers 15h, il semble content de me voir, beaucoup moins quand je lui annonce que je pars faire du shopping avec Sabina. Nous nous retrouvons à Lajpat Nagar de retour dans ce marché où j'étais venue la semaine dernière avec Vishal. D'être ici avec Sabina est très différent, évidement nous ne passons pas inaperçues mais il n'y a aucun malaise, aucune messe basse. Les commerçants nous taquinent gentiment. Sabina connaît un peu d'hindi, ça les fait rire et nous font des bons prix. Nous passons un bon moment, tout est très simple. Cette pression, cette négativité que j'avais ressenties la première fois ne venait peut-être pas que du lieu mais aussi de comment j'étais perçue, de ce que les gens me renvoyaient. Une femme blanche accompagnant un indien pour du shopping n'est pas perçu de la même façon que deux jeunes femmes européennes passant un bon moment dans un pays étranger.Ce pays m'apprend ça, je deviens peut-être hippie mais je découvre une nouvelle façon de vivre en société. Les gens ne voient de toi que ce que tu veux bien leur montrer. Ce n'est pas très clair, comme partout je trouverai surement ici des gens mal intentionnés mais mis à part ça, les apparences ne sont pas du tout utilisées de la même façon qu'en Europe. Tout ça est très instinctif, et nous n'avons pas forcément conscience de comment nous sommes dans notre rapport à l'étranger. J'aurai surement l'occasion de revenir sur cette réflexion furtive. J'ai surement besoin d'un peu de recul pour poser des mots plus précis sur cette idée.


Nous retrouvons nos camarades sur le même toit que la veille, c'est la dernière nuit de Mukesh dans cet appartement. Les cartons sont faits mais le jeu d'échec est toujours à disposition. Je suis meilleure qu'hier mais il va me falloir beaucoup d'entrainement! Sabina me propose de faire un peu de tourisme le lendemain, une découverte de Old Delhi pour elle. Je suis partante. Sur le chemin du retour, Vishal n'a pas changé d'attitude, froid et distant il devient moralisateur et incohérent. Il me raconte des histoires qui n'ont aucun sens, il confond tout. Il me reproche de ne jamais prendre de temps pour lui, qu'il passe sa journée à m'attendre et que je ne daigne même pas discuter avec lui. Ça devient trop malsain, je suis obligée de lui dire que je ne suis pas sa fille, qu'il n'a pas à me protéger comme il le fait et que je ne suis pas venue ici pour prendre soin de lui, que je suis ici pour ne m'occuper que de moi. Un peu étonnée par la tournure que prennent les évènements je vais me coucher. Le jour se lève, j'entends un bruit dans à côté de moi, je distingue une silhouette sombre et je replonge dans le sommeil. Il est venu dans ma chambre au milieu de la nuit pour récupérer son téléphone, enfin, le portable qu'il me prête pour la durée de mon séjour. Je me lève tôt, je fais le ménage, je m'apprête à partir faire des courses il m'accompagne finalement, un regard de cocker triste greffé sur son visage. A notre retour, je cuisine en l'écoutant déblatérer les mêmes reproches dénués de sens. Je vous passe les détails sordides, je ne veux pas tirer d'avantage sur l'ambulance.
Dans la nuit en catimini je prépare mes sacs, puis m'endors tant bien que mal le téléphone coincé entre mes doigts crispés. Au petit matin, un mot sous ma porte "Rends moi mon téléphone." Il faut que je parte je ne peux pas rester plus longtemps dans cet appartement. La folie, comme l'humidité, s'infiltre partout. En partant travailler, je le salue au passage, le cocker triste s'est transformé en basset dépressif, arborant un magnifique bandage fait maison au poignet gauche. IL FAUT QUE JE ME CASSE!

Arrivée au studio Parvathi est médusée par ma situation et s'active pour me trouver une solution pour le soir même. À 19h, nous arrivons pas très rassurées dans cet appartement qui me met mal à l'aise. Je profite d'un moment d'absence le temps qu'il enfile un pantalon, pour aller chercher mes sacs. Il ne comprend pas bien sûr, sinon ça voudrait dire qu'il lui reste un semblant de lucidité. Nous peinons à nous extirper de là. Il continue à jouer la drama queen quelques instants encore dans l'ascenseur. Puis nous laisse.

JE SUIS LIBRE!


Nous peinons à trouver un chauffeur qui accepte de m'emmener avec toutes mes affaires jusqu'à Malaviya Nagar. Je me déteste d'avoir acheté autant de choses! Au bout de plusieurs minutes qui m'ont parues interminables je suis en route pour mon refuge, coincée au fond de rikshaw au milieu de tous mes sacs. Parvathi chevauchant son 'Scooty' m'escorte. Nous y sommes chez Peter, son petit-ami. Il m'accueille avec un grand sourire, ça fait du bien de voir quelqu'un de normal. Adèle, sa colocataire anglaise nous prépare une soupe Thaï. Nous passons un moment tous les quatre, chacun sa nationalité, à parler de tout et de rien. Je commence à me rappeler ce que j'aime dans ma vie ici, à entrevoir l'issue de cet épisode hystérique.


Je ne sais pas trop comment va se passer la fin de la semaine, j'ai trouvé beaucoup de possibilités d'hébergements. Ne vous inquiétez pas, Huguette retombe toujours sur ses pattes! Je ne suis pas sure que cette expérience soit significative du comportement indien. Je pense qu'il n'a pas compris ce que ma mère pensait quand elle lui a dit "Je te fais confiance." Je ne sais pas ce que sa névrose a projeté en moi. Il est évident que les différences culturelles entrainent des incompréhensions, mais à ce stade ce n'est plus un problème de cet ordre mais clairement le résultat d'une pathologie non traitée. J'aimerai juste oublier tout ça et reprendre le cours de mon voyage.


Avec tout ça j'ai zappé l'épisode d'Old Delhi. Revenons donc à des choses plus joyeuses : ma journée avec Sabina.



Je retrouve Sabina à Central Secreteriat Station. Nous plongeons dans Old Delhi. Encore un édifice somptueux, je n'étais plus du tout dans cet état d'esprit, je me sens légère. Vous pouvez imaginer que deux demoiselles blondes de 24 ans ne passent pas inaperçues. Sabina s'amuse de cette situation je n'aime toujours pas ça. 



Au milieu de notre visite du Red Fort, nous décidons de nous asseoir un moment dans l'herbe, nous sommes seules dans ce carré de verdure avec une vue magnifique sur le temple protégé par l'enceinte du fort. Nous acceptons de faire une photo avec un homme d'un âge certain, plus le temps passe et plus la pelouse se remplie d'hommes venus nous admirer...


Une gardienne arrive à grand coup de sifflet et de bâton pour les chasser en un instant. Nous décidons de partir, le peloton d'hommes nous escorte jusqu'à la sortie. Après cette visite, Sabina s'arrête un instant pour contempler la magie des marchands de rue de Delhi et prendre une noix de coco.



L'après-midi se termine, mais nous voulons quand même prendre un moment ne serait-ce que pour apercevoir la grande mosquée. Et nous décidons d'y aller... en rikshaw. Mais pas le rikshaw à moteur, celui que je connais bien, non le rikshaw original, celui tracté à la force des mollets! Le conducteur est très drôle et nous montre le quartier.




Je crois que ça y est j'ai pris tous les types de transports possible de Delhi. Je ne pense pas que je remonterai à bord d'un rikshaw, être assis 'confortablement' pendant qu'un homme sue pour me trimballer où j'en ai envie... Je n'aime pas trop cette idée... Et puis vu la taille de mon cul il faut quand même avoir du courage pour bouger une telle montagne! C'était la blague du jour profitez-en!




Bien que Vishal me l'ait interdit, je revois Sabina, Jay et les autres bientôt pour de nouvelles aventures...

Mon travail commence à prendre forme je vous en dirais d'avantage très prochainement.


Merci à Sabina pour ces belles photos et ces bons moments :)

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