Nous sommes mardi matin, je suis à la rue sans appartement... Oui, j'aime dramatisr mais c'est pour le show! Retour sur ces derniers jours.
Mon
quotidien semblait s'installer confortablement me construisant ici
une vie bien plus agréable que ce que j'aurai pu imaginer. Vendredi
soir, Vishal m'emmène faire la fête pour changer sur le toit de
Mukesh. Le ChessMaster - car je ne connais pas son nom - m'initie à
cette tradition indienne, je n'ai pas joué depuis plusieurs années
mais je ne m'en tire pas trop mal. Je passe une bonne soirée, c'est
gens sont agréables et faciles. Je me sens bien. Il est 22h, Vishal,
grognon, veut rentrer, je suis docile et de toute façon je n'ai pas
envie de rentrer seule. Sur le chemin, il ne me dit rien, parle en
hindi avec le conducteur du rikshaw. Nous sommes samedi matin, je
pars travailler, il m'accompagne... encore... Je suis la première au
studio, il ne me croit pas, pense que je n'ai pas à travailler
aujourd'hui, je perds patience et le mets dehors. La journée se
finit tôt, de retour vers 15h, il semble content de me voir,
beaucoup moins quand je lui annonce que je pars faire du shopping
avec Sabina. Nous nous retrouvons à Lajpat Nagar de retour dans ce
marché où j'étais venue la semaine dernière avec Vishal. D'être
ici avec Sabina est très différent, évidement nous ne passons pas
inaperçues mais il n'y a aucun malaise, aucune messe basse. Les
commerçants nous taquinent gentiment. Sabina connaît un peu
d'hindi, ça les fait rire et nous font des bons prix. Nous passons
un bon moment, tout est très simple. Cette pression, cette
négativité que j'avais ressenties la première fois ne venait
peut-être pas que du lieu mais aussi de comment j'étais perçue, de
ce que les gens me renvoyaient. Une femme blanche accompagnant un
indien pour du shopping n'est pas perçu de la même façon que deux
jeunes femmes européennes passant un bon moment dans un pays
étranger.Ce
pays m'apprend ça, je deviens peut-être hippie mais je découvre
une nouvelle façon de vivre en société. Les gens ne voient de toi
que ce que tu veux bien leur montrer. Ce n'est pas très clair, comme
partout je trouverai surement ici des gens mal intentionnés mais mis
à part ça, les apparences ne sont pas du tout utilisées de la même
façon qu'en Europe. Tout ça est très instinctif, et nous n'avons
pas forcément conscience de comment nous sommes dans notre rapport à
l'étranger. J'aurai surement l'occasion de revenir sur cette
réflexion furtive. J'ai surement besoin d'un peu de recul pour poser
des mots plus précis sur cette idée.
Nous
retrouvons nos camarades sur le même toit que la veille, c'est la
dernière nuit de Mukesh dans cet appartement. Les cartons sont faits
mais le jeu d'échec est toujours à disposition. Je suis meilleure
qu'hier mais il va me falloir beaucoup d'entrainement! Sabina me
propose de faire un peu de tourisme le lendemain, une découverte de
Old Delhi pour elle. Je suis partante. Sur le chemin du retour,
Vishal n'a pas changé d'attitude, froid et distant il devient
moralisateur et incohérent. Il me raconte des histoires qui n'ont
aucun sens, il confond tout. Il me reproche de ne jamais prendre de
temps pour lui, qu'il passe sa journée à m'attendre et que je ne
daigne même pas discuter avec lui. Ça devient trop malsain, je suis
obligée de lui dire que je ne suis pas sa fille, qu'il n'a pas à me
protéger comme il le fait et que je ne suis pas venue ici pour
prendre soin de lui, que je suis ici pour ne m'occuper que de moi. Un
peu étonnée par la tournure que prennent les évènements je vais
me coucher. Le jour se lève, j'entends un bruit dans à côté de
moi, je distingue une silhouette sombre et je replonge dans le
sommeil. Il est venu dans ma chambre au milieu de la nuit pour
récupérer son téléphone, enfin, le portable qu'il me prête pour
la durée de mon séjour. Je me lève tôt, je fais le ménage, je
m'apprête à partir faire des courses il m'accompagne finalement, un
regard de cocker triste greffé sur son visage. A notre retour, je
cuisine en l'écoutant déblatérer les mêmes reproches dénués de
sens. Je vous passe les détails sordides, je ne veux pas tirer
d'avantage sur l'ambulance.
Dans
la nuit en catimini je prépare mes sacs, puis m'endors tant bien que
mal le téléphone coincé entre mes doigts crispés. Au petit matin,
un mot sous ma porte "Rends moi mon téléphone." Il faut
que je parte je ne peux pas rester plus longtemps dans cet
appartement. La folie, comme l'humidité, s'infiltre partout. En
partant travailler, je le salue au passage, le cocker triste s'est
transformé en basset dépressif, arborant un magnifique bandage fait
maison au poignet gauche. IL FAUT QUE JE ME CASSE!
Arrivée
au studio Parvathi est médusée par ma situation et s'active pour me
trouver une solution pour le soir même. À 19h, nous arrivons pas
très rassurées dans cet appartement qui me met mal à l'aise. Je
profite d'un moment d'absence le temps qu'il enfile un pantalon, pour
aller chercher mes sacs. Il ne comprend pas bien sûr, sinon ça
voudrait dire qu'il lui reste un semblant de lucidité. Nous peinons
à nous extirper de là. Il continue à jouer la drama queen quelques
instants encore dans l'ascenseur. Puis nous laisse.
JE
SUIS LIBRE!
Nous
peinons à trouver un chauffeur qui accepte de m'emmener avec toutes
mes affaires jusqu'à Malaviya Nagar. Je me déteste d'avoir acheté
autant de choses! Au bout de plusieurs minutes qui m'ont parues
interminables je suis en route pour mon refuge, coincée au fond de
rikshaw au milieu de tous mes sacs. Parvathi chevauchant son 'Scooty'
m'escorte. Nous y sommes chez Peter, son petit-ami. Il m'accueille
avec un grand sourire, ça fait du bien de voir quelqu'un de normal.
Adèle, sa colocataire anglaise nous prépare une soupe Thaï. Nous
passons un moment tous les quatre, chacun sa nationalité, à parler
de tout et de rien. Je commence à me rappeler ce que j'aime dans ma
vie ici, à entrevoir l'issue de cet épisode hystérique.
Je
ne sais pas trop comment va se passer la fin de la semaine, j'ai
trouvé beaucoup de possibilités d'hébergements. Ne vous inquiétez
pas, Huguette retombe toujours sur ses pattes! Je ne suis pas sure
que cette expérience soit significative du comportement indien. Je
pense qu'il n'a pas compris ce que ma mère pensait quand elle lui a
dit "Je te fais confiance." Je ne sais pas ce que sa
névrose a projeté en moi. Il est évident que les différences
culturelles entrainent des incompréhensions, mais à ce stade ce
n'est plus un problème de cet ordre mais clairement le résultat
d'une pathologie non traitée. J'aimerai juste oublier tout ça et
reprendre le cours de mon voyage.
Avec tout ça j'ai zappé l'épisode d'Old Delhi. Revenons donc à des choses plus joyeuses : ma journée avec Sabina.
Je
retrouve Sabina à Central Secreteriat Station. Nous plongeons dans
Old Delhi. Encore un édifice somptueux, je n'étais plus du tout
dans cet état d'esprit, je me sens légère. Vous pouvez imaginer
que deux demoiselles blondes de 24 ans ne passent pas inaperçues.
Sabina s'amuse de cette situation je n'aime toujours pas ça.
Au
milieu de notre visite du Red Fort, nous décidons de nous asseoir un
moment dans l'herbe, nous sommes seules dans ce carré de verdure
avec une vue magnifique sur le temple protégé par l'enceinte du
fort. Nous acceptons de faire une photo avec un homme d'un âge
certain, plus le temps passe et plus la pelouse se remplie d'hommes
venus nous admirer...
Une
gardienne arrive à grand coup de sifflet et de bâton pour les
chasser en un instant. Nous décidons de partir, le peloton d'hommes
nous escorte jusqu'à la sortie. Après cette visite, Sabina s'arrête
un instant pour contempler la magie des marchands de rue de Delhi et
prendre une noix de coco.
L'après-midi
se termine, mais nous voulons quand même prendre un moment ne
serait-ce que pour apercevoir la grande mosquée. Et nous décidons
d'y aller... en rikshaw. Mais pas le rikshaw à moteur, celui que je
connais bien, non le rikshaw original, celui tracté à la force des
mollets! Le conducteur est très drôle et nous montre le quartier.
Je
crois que ça y est j'ai pris tous les types de transports possible
de Delhi. Je ne pense pas que je remonterai à bord d'un rikshaw,
être assis 'confortablement' pendant qu'un homme sue pour me
trimballer où j'en ai envie... Je n'aime pas trop cette idée... Et
puis vu la taille de mon cul il faut quand même avoir du courage
pour bouger une telle montagne! C'était la blague du jour
profitez-en!
Bien que Vishal me l'ait interdit, je
revois Sabina, Jay et les autres bientôt pour de nouvelles
aventures...
Mon
travail commence à prendre forme je vous en dirais d'avantage très
prochainement.
Merci à Sabina pour ces belles photos et ces bons moments :)
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